quarta-feira, 3 de junho de 2009

Olhares sobre o ensino francês

Comment les élèves étrangers jugent-ils l'organisation du lycée en France ? Alors que le gouvernement prépare une réforme du lycée, nous avons interrogé des jeunes venus passer une année scolaire dans l'Hexagone par l'intermédiaire de l'association AFS Vivre sans frontière. Regards croisés.

"CLOISONNEMENT"
Michelle, 18 ans, Finlandaise, en première littéraire au Teil (Ardèche) : "Ce qui m'a le plus choquée, c'est le cloisonnement entre les filières. Les élèves restent toute l'année dans la même classe avec les mêmes professeurs. En Finlande, nous élaborons notre propre programme par Internet en fonction des études qu'on souhaite faire plus tard. Nous sommes obligés de tester pendant deux mois la physique et la chimie, mais si cela ne nous plaît pas, on peut abandonner ces matières. A la fin des trois années de lycée, il faut avoir validé 75 séries de cours de deux mois. Cette autonomie a l'avantage de mieux nous préparer à l'université, tandis que le système français paraît plus infantilisant."


"HORAIRES FATIGANTS"
Sabrina, 18 ans, Américaine, en première dans un lycée professionnel à Arcachon (Gironde) : "Le plus difficile a été de m'habituer aux horaires fatigants : de 8 heures jusqu'à 17 heures ou 18 heures alors qu'aux Etats-Unis, on commence à 7 h 30 pour terminer à 14 heures. En contrepartie, nous avons moins de vacances. Je préfère le système américain, il permet de faire autre chose que le travail scolaire : du sport, de la musique, du théâtre, des petits jobs, etc. Les élèves français seraient moins stressés et plus motivés s'ils avaient davantage de temps à consacrer à leurs loisirs. Ils me disent souvent qu'ils préféreraient le système américain."

"NOTATION"
Zoltan (le prénom a été changé), 19 ans, Hongrois, en terminale littéraire à Tulle (Corrèze) : "En Hongrie, le lycée dure quatre ans. Les deux premières années, nous suivons des enseignements généralistes. Cela nous laisse davantage de temps pour réfléchir à notre orientation.
J'aime bien le système français de notation de 0 à 20 car l'élève mesure mieux ses progressions ou ses retards. En Hongrie, nous sommes notés sur cinq points et on mesure mal nos progrès. En France, les professeurs mettent des appréciations écrites à côté des notes, ce qui aide à s'améliorer. En Hongrie, les professeurs font les remarques de manière orale, ce qui peut être désagréable."

"RELATIONS TENDUES"
Heidi, 18 ans, Suisse, en première économique et sociale à Douai (Nord) : "Je trouve les relations plus tendues entre élèves et professeurs en France qu'en Suisse. Dans le premier lycée où j'ai séjourné à Lille, les élèves étaient particulièrement agressifs envers leurs professeurs, qui avaient du mal à contrôler leurs classes. En Suisse, c'est plus discipliné, et en même temps les rapports sont moins distants et plus cordiaux entre élèves et enseignants. Il n'y a pas de conseillers principaux d'éducation, ce sont les enseignants qui s'occupent des absences et de la vie scolaire. Du coup, ils connaissent mieux leurs élèves. La relation est à la fois plus facile et plus respectueuse. Il y a aussi beaucoup moins d'élèves par classe (20), ce qui donne une ambiance plus familiale. Après les cours, il n'est pas rare qu'on discute avec nos professeurs.
L'enseignement des langues en France n'est pas dynamique. Le professeur écrit une phrase au tableau que l'on doit répéter. En Suisse, on apprend à parler beaucoup plus librement. On doit reformuler et non pas répéter ce que dit le professeur. Il y a des évaluations orales enregistrées en studio. "

"COMPÉTITION"
Branden, 18 ans, Canadien, en première littéraire dans un lycée privé d'Angers (Maine-et-Loire) : "En France, les copies sont données en classe à chacun. Je préfère le système de mon lycée. On ne distribue pas les copies mais il y a dans la classe un endroit avec un dossier pour chacun des élèves. Le professeur fait ses commentaires par écrit sur chaque copie. On peut très bien ignorer les notes de son voisin. C'est beaucoup moins compétitif.
Par ailleurs, les élèves sont beaucoup plus indépendants. On choisit ses matières et en terminale, si on regrette ses choix, on peut encore changer. Les professeurs font davantage confiance aux élèves et il y a très peu de règles. L'aspect négatif, c'est que certains ne travaillent pas ou sont absents sans que cela pose vraiment problème."

"MOINS DE TRAVAIL"
Héloïse, 17 ans, Chinoise, en première économique et sociale à Epinal (Vosges) : "En France, on travaille beaucoup moins et il y a moins de contrôles. Dans mon lycée, chaque mois, il y a un examen avec évaluation de toutes les matières, ce qui donne lieu à un classement. Les évaluations, notées sur 100 ou 150, sont à la fois plus précises et plus difficiles. Du fait que nous sommes très nombreux, la compétition est très forte pour intégrer les meilleures écoles puis les meilleures universités. Les élèves échangent leurs connaissances : comme je suis forte en maths, j'aide quelqu'un qui en contrepartie m'aide en littérature. En Chine, quand un professeur est absent, il peut demander au meilleur élève dans sa matière de faire le cours à sa place, c'est un honneur. Nous avons environ 35 heures de cours par semaine, plus deux ou trois heures de travail personnel."


Martine Laronche, "Etre lycéen en France : le regard critique des élèves étrangers", Le Monde, 2 de Junho de 2009.